MARIETTE POITEVIN ...ET LE BLEU

Mariette , c'était la fille Poitevin ... le bleu : c'était le citoyen Gautreau de Challans...
Ce jour là , avec un piquet de gendarmes , Gautreau arrivait chez Jacques Poitevin pour procéder à une perquisition en règle de la maison ...
Mariette se trouvait seule .Mais Mariette était une maîtresse femme aux bras solides et à tête ferme !
lorsqu'elle vit le bleu Gautreau brûler la cachette, elle décida son coup ...
Il y avait dans un coin sombre un grand coffre plein d'étoupes ...elle se mit à le regarder avec insistance : là est le nid ; se dit Gau treau , le chercheur ..
Il ouvre le coffre , se penche pour fourrager l'indocile filasse . La Mariette attendait cette minute .
Une secousse puissante et sûre , le bleu plongeait et le couvercle rabattu se crochetait net . Alors la vaillante fille tirant de leur caches les vases sacrés les jetait dans sa devantière et sortait par un crenon ouvert sur les derrières de la maison pour gagner sans prendre haleine le marais ....
Jacques Poitevin sera massacré sans jugement , comme nous le verrons , avec 23 Soullandais le I3 Juin I794...Son fils Esprit Poitevin , ardent royaliste , sera aux Cent Jours , Capitaine de Soullans .Le nom des Poitevin s'est éteint avec la mère de Théodule et d'Amélie Pivoin , née Poitevin ...

MADAME PYNEAU BABINIERE

Native de la paroisse d'Aizenay ,Marie Mathilde Pyneau , était mariée à un petit cousin : Louis Charles Pyneau Babinière qui était le grand animateur du Comité royaliste de Soullans , fin Avril I793 ..Il s'était enrôlé parmi "les bons gars "de Jolly ..Madame Pyneau était donc restée seule avec ses chétifs enfants . Elle habitait un creux de maison au Fief Roland ou conduisaient 20 routins emmêlés que hantaient la nuit les rôdeurs du marais et de la rive . La pauvre dame , ayant peur , s'en alla habiter chez son beau père : le vieux Pyneau , un chirurgien de 70 ans qui habitait , lui , la maison de sa défunte femme : Marie-Anne Levesque , à l'angle du grand puits et du chemin de la Minée (maison actuelle de l'école publique) .
Très heureux de la venue chez lui de sa bru , le vieux Pyneau lui confia la direction de sa maison .C'est dire si Mr le curé Noeau vint souvent manger la soupée , à la table de la maison Levesque ..Ce qui en ces jours de tourmente révolutionnaire ,était un crime inexpiable .
La vaillante femme fut arrêtée avec une fournée de suspects de Soullans et conduite à Challans en Mai I794 .. Mais elle ne fut pas exécutée ; ce qui lui valut d'échapper à la mort , ce fut dit-on ce trait d'humanité de son beau père , chirurgien qui durant une épidémie , avait prodigué ses services aux soldats républicains de la 74 ème Demi-brigade cantonnés à Soullans ! Madame Marie-Mathilde Pyneau mourra en son logis Levesque le 30 Mai I803 , neuf semaines après son mari .

MADAME LATOUCHE DE LA DAVIERE

Elle habitait le Logis de la Vigne à la sortie du bourg vers les Ardillers (propriété actuelle de Mme Macquigneau ) Son nom de jeune fille : Françoise Billon . Elle était native des Amiaux de St Jean de Monts .Mariée à Germain-Henry Latouche de la Davière , avocat au Parlement de Paris , elle était devenue veuve à 43 ans le 7 - 6 - I783 , seule , sans enfant , un fils unique né en I768 était mort au berceau .. Elle avait recueilli chez elle une nièce de son mari orpheline .
C'était par excellence la dame charitable . Tout ce qui restait de ses revenus ,assez considérables passait en charités ...si bien que son logis reçut le nom : de Logis de la bonne Dame !
Sans se soucier des remous de la Révolution , elle avait recueilli une partie du mobilier de Mr le curé ..les sœurs de la Sagesse , expulsées après un brutal inventaire et malgré les Soullandais s'étaient retirées chez elle ..Et bien sûr Mr Noeau trouvait asile chez elle ... Le plus fort ! C'est que souvent dénoncée pour cet incivisme , elle ne fut jamais inquiétée . Mieux ! : sur simple observation de sa part , ordre fut donné par le District de Challans de rendre à ses métayers , 6 bœufs sur 8 qui avaient été enlevés par l'inexorable réquisition .. ! La raison : c'est que les héritiers de la Bonne Dame étaient du clan jacobin ...Et ils savaient que si elle était arrêtée , ses biens seraient confisqués par la République .... Ainsi employèrent ils toute leur influence à garer leur parente riche de l'échafaud ...
Mme Latouche mourra le 29 - 11 - 1810 à 70 ans . Par testament , elle laissait aux Filles du Verbe Incarné (les Sœurs de Chavagnes ) sa maison pour en faire une école...et aux pauvres de Soullans, avec le vin de sa cave (qu'elle soignait indignement ) une rente annuelle de 50 Fr , amortie en I837 ...

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