LES CULOTTES ROUGES

Ces Déserteurs se multipliant dans l'Ouest et pour endiguer la contagion Paris envoya au Marais la Gendarmerie et la Troupe de Ligne . Ce fut à nouveau , l'invasion des Culottes Rouges .
Comme St Jean de Monts et le Perrier , Soullans eut son Contingent de Grenadiers et de Voltigeurs commandés tour à tour par les lieutenants Pommier , fournier et Dindinaud ..." un gars franc comme un écu de plomb , disaient les Soullandais.

Les sales Chouans , on n'en fera qu'une bouchée à la croque au sel , assuraient les troupiers .

La vantardise n'empêcha pas les réfractaires de tenir le pays toujours insaisissables . Aucune maison du marais ne leur refusant le gîte de jour et de nuit . A chaque fournée de boulange , il y avait un pain ..pour l'encas des pauvres gars"
les principaux quartiers de refuge étaient
En Marais - Les Barres , le Forcin , Les Serres , Colombe et la Douve
En Rive Les Petites Rouches , que tenait Francit Merceron
Rocheville ,cultivée à moitié par Pénard .."qui craignait le Bon Dieu , mais pas le Diable !
A Rocheville où certaines nuitées , racontait jadis le bonhomme Trichet , petit valet de I83I à I834 , IO ou 15 réfractaires couchaient chez son maître ..., un soir , lors d'une échauffourée à la Gisière qui tua d'une balle un Gauvrit , 62 gars étaient baugés dans la grange : maraîchins et dannions !

LA CONFESSION DU PETIT ECOLIER

Une fois , une seule à Soullans , un réfractaire fut surpris ... Ce fut le 6 Mai I83I le lieutenant Dandinaud se saisit de quelques écoliers qui montaient à l'école du Régent Puiroux , et n'eut pas honte de les confesser . L'un des petits gars dévoré de peur se laissa faire :
Oui geignit - il , j'ai vu tout à l'heure un Réfractaire au Grand Pinier , chez Pierre Vrignaud...
Dès 9 heures la troupe ceinturait le Grand Pinier si brusquement que rien n'avait signalé son approche
Le malheureux qu'elle cherchait se vit perdu et voulut fuir par le chairay vers les prés . Comme il s'enlevait sur sa ningle pour sauter un fossé les soldats firent feu . Atteint de plusieurs balles , il piqua tête la première dans l'eau , raide mort . Le pauvre gars , fils de Pierre Vrignaud des Pipes et de Catherine Simonneau , avait 23 ans . Par une ironie navrante , son bonhomme de père s'était décidé la veille à lui acheter un remplaçant et seul le désir d'annoncer à son oncle et parrain cette nouvelle l'avait conduit ce matin au Grand Pinier ....et au devant de la mort !

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