SOULLANS ET LOUIS PHILLPPE !

La Révolution de Juillet fut donc très mal accueillie à Soullans , comme dans tout le Marais . On était : carliste pour Charles X , le roi déchu . Comme en 1815 on était près de la révolte .
Avec horreur la Municipalité avait refusé de s'assermenter au Roi des Français . En bloc , elle avait fait sa démission !
le Préfet , à la Roche , croyait , pour régler l'affaire , qu'il serait facile de remplacer les Carlistes fanatiques par des Patauds Opportunistes . Les Notables présents se récusèrent .
A nouveau des bandes de guerroyeurs sillonnent le marais . Soullans recrute 80 hommes : commandés par Henri Barillon du Petit Glajou .
On sera deux mois à Soullans sans maire ni adjoint ! Interrègne , on s'en doute , fécond. en désarroi . Des divers services publics , est assuré celui de l'état civil seulement . Et encore : Jacques Massonneau l'ancien maire , mettra t'il si haut son point d'honneur légitimiste qu'il ne consentira pas à opérer lui même : l'adjoint François Mérieau reçut délégation générale .

Ce ne sera qu'après la St Michel qu'un marchand du bourg , dont l'amour pour l'ordre nouveau était du reste fort platonique , Jean Louis Thibault , se dévouera à faire le Maire Provisoire et encore jusqu'à voir ... La rébellion du Marais tourna court . Avec ceux de Monts et du Perrier les guerroyeurs de Soullans s'étaient ralliés autour de Charles Robert de Lézardière , fils du défunt colonel de la Division du Marais . L'enthousiasme d'antan n'y était pas , las à crever de la vie de proscrit qu'il lui fallait mener , Charles Robert de Lézardière s'enfuit à Jersey , abandonnant ses gars .. Il reviendra en I832 repentant de sa fugue théâtrale . Soupçonné de trahison à la cause maraîchine , il devra s'embarquer à Nantes pour la Norvège ... Il mourra obscurément à Paris en 1866 !

Au Marais , l'ère des soulèvements était bien révolue . Même lorsque la Duchesse du Berry , celle là même que Soullans avec le Marais avait : reçue triomphalement en 1828 , tentera de soulever à nouveau tout l'Ouest en faveur de son fils , le Comte de Chambord ( c'était en 1832 ) , sa tentative échouera . Mr le curé Raynard et Mr Lambert ,curé du Perrier s'employèrent , du reste discrètement à apaiser la vague des insoumis .

La Nation Maraîchine cependant restera passionnément attachée à la Royauté Légitimiste

L'AFFAIRE DES ETENDARDS !

Un moment la fièvre monta et faillit faire décrocher les canardiers des tirants des cheminées ! Ce fut lorsque , en haut lieu , on alla prendre ombrage de ces candides : étendards qu'une tradition séculaire mettait aux mains des Premiers Communiants , et qui étaient portés encore aux Communions Solennelles , il y a une trentaine d'années ! Comme si ces collets au bout d'une gaule avaient été de séditieuses répliques du drapeau blanc !
Comme tous les curés du Marais , celui de Soullans reçut , le 20 Mai I83I de Mgr Soyer, évêque de Luçon , un appel à la prudence: la consigne était de s'abstenir de tout ce qui ferait ombrage à quelques autorités locales , même sans motifs raisonnables , et de supprimer , provisoirement aux Processions des Sacres et à la Communion des enfants , ces Etendards de couleur blanche qui sont d'usage de temps immémorial dans ces Cérémonies !
La tracasserie blessa au vif les Soullandais ..Et l'attitude grossière , au passage de la Procession du St Sacrement , du Détachement des Grenadiers cantonnés dans la Tour de l'église et sous les halles , acheva de mettre les gens hors d'eux mêmes ..On parla même d'aller rejoindre un proscrit célèbre qui avait pris le maquis : Henri Barillon , du Petit Glajou
! Jetant en travers tout son crédit , Mr Raynard réussit à nouveau à apaiser l'émotion .

Pas de SALVUM FAC LUDOVICUM - PHILIPPUM

Mais , à partir de ce jour , quoiqu'y fit le curé les Chantres refusèrent de sortir à la Grand Messe du dimanche : DOMINE , SALVUM FAC LUDOVICUM - PHILIPPUM , ( Seigneur , longue vie à LOUIS PHILIPPE ) qu'il était de règle de chanter à la fin de toute Grand Messe , à la gloire du Prince Régnant !
La Gloire du lutrin : le bonhomme Massonneau ( Jambard ) avait un robuste amour de la chopine ...
André Naulleau , du Bois , notable pataud , lui promit un jour , une ribote s'il consentait à chanter le fameux verset pour le fête de l'Assomption

"Mon gars , riposta le vieux légitimiste , garde ton vin pour d'autres
Si tu veux le savoir : Jambard , em.... . ton
Louis Philippe ...Et vive HENRI V !

LA CONSCRIPTION A SOULLANS

A Soullans , on avait horreur de la Conscription qui faisait sortir les jeunes gars de leur Marais . Rien que perdre de vue le clocher de la paroisse leur donnait la fièvre ! Et nul sacrifice ne pesait alors qui parât à l'exil du pays ...
Jadis les guerroyeurs avaient dû le gros de leurs recrues à cette instinctive horreur de la conscription . Les conscrits devaient tirer au sort et seuls les mauvais numéros devaient partir ... à moins de s 'acheter un remplaçant !
Afin de n'être pas pris : Bons pour le service , les gars s'exténuaient en héroïques pénitences ..., depuis les courses nocturnes avec une pochée de sable sur la tête , jusqu'à la réclusion dans les fours tièdes ..!
Par loyalisme , les rares conscrits recrutés sous Louis XVIII et Charles X s'étaient résignés vaille que vaille . Avec Louis Philippe , cette raison de fidélité ne joue plus .. Surtout lorsque enflée d'une foire à l'autre , courut la rumeur que le Gouvernement allait lever trois classes d'un coup pour les envoyer ..chez les Païens d'Afrique ! Endoctrinés par les guerroyeurs , la plupart des conscrits de Soullans pensèrent qu'il valait mieux , risque pour risque, partir au pays qu'au loin !
Les feuilles de route jetées au feu , ils prirent le Marais et les Landes . A nouveau : on les appela les Réfractaires

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