Mais Mr Badereau n'avait accepté la charge de maire , que provisoirement , Il ne le sera qu'un peu plus d'un an ! Le 11 Novembre 1817 , il fera nommer par le Préfet , à la tête de la Municipalité, son homme de confiance :Jacques Massonneau .Et indiquera également au Préfet de lui donner comme adjoint , tout simplement Mr le curé Baud !

Mr le curé Baud Au Conseil Municipal

Si quelqu'un profita de la situation officielle de Mr le curé : ce furent les Pauvres...A nouveau : les malheureux sont très nombreux ...les années sont mauvaises en récoltes
Mr le curé en fit le recensement :3IO Personnes , réparties en 8I Feux !Vite la Veuve Crochet la Boulangère , au bourg , reçut la commission de ravitailler chaque famille miséreuse gratuitement ... à la charge des revenus du curé et de la Paroisse ... Mais aussi :
Dans cette œuvre de miséricorde Mr le curé eut une aide ... inattendue d'un couple soullandais , sur qui pesait un atroce passé .

Henry COLLINET et sa femme : Marie-Louise ROYARD

les Maîtres du Château du RETAIL...
Au cours de cette Chronique , le nom de : Henry Collinet est souvent venu avec horreur ... comme l'un des responsables des pires heures de la Révolution ....
Il était né à Croix de Vie le 14 - 8 - 1738
la Révolution le trouve armateur et négociant à St Gilles .
Poussé et suivi par sa femme , toute jeune et pétrie de passions contradictoires, il se lance , de suite , sur la pente révolutionnaire ...
En fin de 1793 , il est à la Mairie de St Gilles ..Puis à l'Etat-major du général révolutionnaire Dutruy .
Après la prise de Noirmoutier par Haxo dans la nuit du 2 au 3 janvier 1794 , il préside la Commission Militaire ,qui va expédier à la mort 12 à 15 Cents prisonniers.
dont de Soullans , Benjamin Dubois ..et sa mère : Vve Dubois de la Guinardière ... Avec 20 autres condamnés , Mme Vve Petiteau lui devra d'être fusillée , à la Claire ..le 3 Août 1794 etc. ...
Les Soullandais de jadis , dont le père et le parrain de Mr l'abbé Abel Mulot , dont l'aïeul maternel : Etienne Cougnaud , fut métayer de Collinet , gardaient le souvenir, récits de leurs Anciens , évoquant au vif , dans le cadre de ce Tribunal du Grand Massacre ,ou défilèrent tant et tant de victimes , le Juge criminel et sa compagne déchaînée :
Le menton dans le jabot , comme un saoulin qui dodaille....
Collinet , de temps en temps , ouvrait les yeux
A mort disait-il
S'il tardait un petit : alors sa femme , dans la salle lui criait en maîtresse :
Voyons donc : Collinet : à Mort !

C'est dire si Collinet était. bien classé : Président , Accusateur , Juge ! Il siégera comme inamovible dans toutes les Commissions Révolutionnaires de Noirmoutier ! le temps d'ajouter au monstrueux tableau des tueries de Nivôse , encore 60 guillotinades ... jusqu'à la suppression , enfin sous les huées populaires , des tribunaux de sang .
N'ayant plus à guillotiner , Collinet revint à St Gilles
Sous l'Empire , même les plus jacobins de ses anis , s'écarte du Boucher de Noirmoutier ! Un jour , Ingoult , son ancien associé de commerce , feindra de ne pas le voir dans la rue pour n'avoir pas à le saluer ...!
Sur ce , collinet hérite d'un oncle , vieil homme de loi : Charles Moreau
L'Héritage ! C'est le Château et la Terre du RETAIL

LE RETAIL

La maison noble du Retail avait titre de Principal Manoir du Fief Corbin de Commequiers .... Au début du I7 è siècle , elle appartenait à Charles Voisin du Retail . Puis elle tomba en héritage à Françoise Voisin , épouse de Jean Aubineau . Peu d'années après , on la trouve aux mains de René Rondeau : le sieur du Retail .. Son unique héritier , Paul , fils posthume né le 6 mars I654 prend lui aussi le titre de sieur du Retail . Et se fixa sur ses terres à Soullans . Il dut beaucoup dépenser : on le voit recourir à des emprunts considérables , à une Obligation de I698 livres 7 sols à Mathrin Moreau de la Péroualle , pour laquelle d'ailleurs le sieur du Retail engageait en garantie sa métairie de la Goyère . A sa mort :la succession est partagée entre Marie et Marguerite Rondeau , seules survivantes des cinq enfants de sieur Paul Rondeau et sa femme : damoiselle Marie Viaud . Le Retail échut à Marguerite qui avait épousé à Soullans le 28 - 4 - 1711 maître René Dinot de Talmont ..Femme expérimentée et entreprenante Marguerite Rondeau s'employa à remettre en état l'héritage paternel . Mais en vain , tous ses efforts étaient annihilés par les écarts de son mari , homme dépensier indolent et débauché ... Le Retail est engagé lambeau par lambeau...A sa mort ses deux enfants : René et Madeleine n'ont de l'héritage qu'un mince revenu de.100 livres .... Tout le reste est devenu Propriété de Jean - Etienne Marsaud trésorier des Invalides aux Sables D'Olonne ...Des héritiers de Jean Etienne Marsaud le Retail passa vers I77I à maîtres Charles Alexis et Guillaume Moreau bourgeois de St Hilaire de Rié . En I775 le Retail est habité par Charles Moreau licencié des lois , fils et petit fils des précédents.. Charles Moreau épousa le 27 nov.I775 , la fille d'un médecin : Catherine Trichet .Il mourut sans enfant en I807 , 1aissant ses biens à trois neveux ...le Retail tomba à Henry Collinet de la Charrault de St Gilles , tristement célèbre comme juge au tribunal révolutionnaire extraordinaire de Noirmoutier et de Nantes! Comme nous allons le voir , Henry Collinet mourra en I820 , sera enterré à Soullans le 9 -11 - I820 à l'âge de 60 ans . Il abandonnait l'usufruit sa femme : Marie-Louise Roysard qui décéda nonagénaire le 28 - 2 - I857 à Nantes et qui fut enterrée à Soullans .Elle donnait , à sa mort , la nue-propriété du Retail à Charles Collinet , époux de demoiselle Marie Blin , fils de son beau - frère et de Céleste Mourain . Sous la Monarchie de Juillet , charles Collinet , pressé d'argent , vendit ses droits sur le Retail à Bourgeois de Nantes : Mr Méry .
Une fille de Mr Méry épousa Mr Chéguillaume industriel , qui fut député de la Loire - Inférieure à l'Assemblée Nationale en I871 ... Pour trois générations le Retail allait rester à des Joseph Chéguillaume ... A Mr Joseph Chéguillaume : avocat à la Cour de Nantes adjoint puis Maire de Soullans de I896 à I933 , décédé en Novembre I948 . A Mr Joseph Chéguillaume ( familièrement Mr Josy) décédé à Nantes en Janvier I969 ,Célibataire Mr Josy Chéguillaume légua , à sa mort le Château du Retail à Madame André Blondeau née Suzame Chéguillaume ,sa nièce A noter que le Château qu'habitent Mr et Mme André Blondeau n'est pas celui que connurent Mr et Mme Henry Collinet. L'ancien château ayant été démoli et se trouvait à gauche du Château actuel qui date du début du siècle !
Après l'histoire du Château ... celle de Mr et Mme Henry Collinet
De leur vie ..nous savons la première partie ...l'affreuse .
Voici la seconde ... plus édifiante .
Les Collinet arrivèrent donc dans leur héritage du Retail en I807 ..
Mal vus à St Gilles , ils résolurent de faire de leur nouveau domaine une thébaïde champêtre où dans le sein de la nature , ils pourraient tout à leur aise mépriser : les hommes et peut-être s'oublier eux - mêmes .
De cette heure , la vocation d'homme des jardins , prit Henry Collinet tout entier . Dans les vastes préclotures de son logis , il dessina un parc à l'anglaise ou s'harmoniseraient un jour merveilleusement , bosquets , pelouses et eaux vives ..
En traçant ses jardins , avait-il prescience de l'avenir ? Et que ce cadre du Retail lui servirait ...de prison ...En effet , au retour des Bourbons : le séjour de St Gilles lui fut interdit .Un ordre de police l'exila au Retail sous la surveillance du Maire de Soullans . Le Ier Janvier I8I6 , en effet une déclaration d'élection de domicile devant la municipalité constatera sa résidence !
Henry Collinet se consolera en faisant de sa bagatelle du Retail comme il disait ... sa Maison chérie !
Là , parmi ses arbres et ses fleurs , la nature étant propice à la méditation , bien des pensées devaient assaillir son âme !
Mr le curé Baud vit dans le misérable une âme à sauver . Il fit les premiers pas . La bienfaisance ne fournissait
elle pas un terrain de rencontre ?
Touchés les Maîtres du Retail acceptèrent la miséricordieuse collaboration qu'on leur offrait..
On ne sait plus tout ce qu'ils firent , mais leur générosité s'étendit à beaucoup de détresses . A la suggestion de Mr le curé , ils prirent en charge 7 petits orphelins qu'ils confièrent à une servante. Marie Gaillard et à la bonne femme Mignais du Soullandeau .
L'aumône couvre les péchés . Ce mot de l'Ecriture , Henry Collinet et sa femme en éprouvèrent la vérité .Tous deux , en effet , revinrent à la Foi de leur jeunesse et à l'Espérance ...une Espérance traversée pour l'ancien Juge, criminel de terribles remords . On raconte qu'un ancien de Soullans , Louis Thibault , tenait d'un pauvre hère qu'un jour Collinet lui aurait dit :
Ne te plains pas de ta misère , Briton ..Si je le pouvais je changerais bien mon sort pour le tien...car toi tu n'as pas le poids que j'ai là ! Et il se frappait la poitrine .

L'un de ses métayers , un jour ,le complimentait des embellissements du Retail :il lui dit :
Oui le Retail est une belle demeure et je l'aime , mais mon pauvre ami , j'ai mon cœur plus gros que le Retail...
Dans sa dernière maladie , le vieux jacobin arrivé aux portes de la mort , voyait-il défiler , en lugubre théorie ,ses centaines et centaines de victimes ..? Du chemin et de la métairie on l'entendait gémir :
Que sera - t'il de moi , malheureux qui ai fait périr tant d'innocents à Noirmoutier
le 8 Novembre I820 à trois heures du soir mourait dans son Château du Retail Henry Collinet
Dans son testament on trouvait cette prière :
"Je prie Dieu d'étendre sa miséricorde sur moi mourant dans la Foi Catholique ,
apostolique et romaine en laquelle je Suis né .
Le 9 Novembre I820 son corps était inhume au cimetière de Soullans en présence de Pierre Maurandeau et de Monsieur le curé de Challans ... Dans notre cimetière actuel , en haut , à droite le deuxième le long du mur de clôture , on peut voir le Tombeau que lui fit élever sa veuve avec cet hommage de tendresse qui n'a voulu retenir que la seconde partie d'une vie si mêlée !

Madame Collinet se retira à Nantes vers 1833... De Nantes elle continua ses larges aumônes pour Soullans . Elle mourut le 28 Février I857 à 91 ans .
Pour sa sépulture qui se fit au cimetière de Soullans , l'armée des pauvres qu'elle avait secourue fit un cortège d'honneur à la tricoteuse repentie .

Travaux à 1'église ...

Au soin des pauvres , Mr Baud sut allier celui des choses paroissiales .
L'église est à nouveau en mauvais état .
La toiture sera refaite ainsi que la flèche du clocher . Il y passera 30 000 ardoises , à raison de 25 livres tournois le millier , plus le niolage du port de St Gilles à la Rive de Soullans fait par Pierre Briton du Grand Lieu au prix de 4 écus 15 sous 5.000 ardoises ...
La voûte sera recrépie , les murs passés au badigeon de lait de chaux .. Un autel en bois sera commander pour apparager à celui de la Bonne Vierge .Un siège du Célébrant sera sculpté par Louis Boré , menuisier au bourg.
Les murs du cimetière et du prieuré croulent ..On les reprendra .
Mais il y a aussi les âmes des Paroissiens à faire monter plus haut : La Confrérie du St Sacrement est fondée . Et tout ce qui entoure la Dévotion à la Présence Eucharistique est mis en honneur : lampe du sanctuaire , croix du Tabernacle , chandeliers de l'autel , ornements sacrés , brodés d'or . On achète pour , 20 pistoles de soieries et de tentures rouges ... L'acquisition suprême !:Une magnifique Bannière de Paroisse en velours cramoisi de 4 pieds 6 pouces de large : d'un côté , Un majestueux St Hilaire , de l'autre , une Assomption de la Vierge en un groupe de nuages et d'anges!
Merveilleux ouvrage admiré encore des connaisseurs !.La Bannière n'avait-elle pas Coûté 1.000 Fr., ...et Madame Collinet avait voulu fournir 58 pistoles ...

L'Ecole des Filles

Puis c'est sur l'école des Filles que se porte l'attention de Mr le curé Baud . Installée , nous l'avons vu , au Logis de la Vigne , elle a désormais son Pensionnat , et même sa chapelle , dont les vestiges subsistaient jusqu'à la démolition de l'ancienne cure .. C'est le succès complet auquel préside la Supérieure Mère Emmanuelle , de l'Immaculée Conception . L'internat est obligé de se scinder en deux . Une première Section "pour les Demoiselles "..Une autre :"pour les jeunes personnes de seconde Classe " les rangs ne se confondaient pas en ce temps là ! le prix de pension est de : 300 Fr. ..Il faut fournir un lit ou I2 Fr. ..deux paires de drap , une couverture , quelques serviettes , un couvert ,pour la seconde classe le prix de pension est ramené à 200 Fr. nourriture est saine et abondante .
C'était l'apogée ! Mais sans lendemain .. Voici pourquoi :
La propriétaire du Logis de la Vigne est Charlotte Renée Louise Baudet lacroix de la Mongie .Avec sa sœur cadette Justine , elle s'était consacrée "Religieuse de Chavagnes", à la rage nous l'avons vu , du vieux Bodet , leur père impie et forcené ..
Envoyée supérieure de la maison de Champdenier en Gâtine poitevine , elle se laissa reprendre par l'âcre individualisme héréditaire des Bodet ,des gens qui n'avaient jamais su obéir ,elle veut en faire à sa tête et créer un établissement indépendant! C'est la rupture avec son Institut des Sœurs de Chavagnes ... Réclame à la Communauté 13.000 Fr. ..Signifie à l'école de Soullans d'avoir à quitter le Logis de la Vigne qui lui appartient ... Le 6 Février 1823, le Couvent soullandais est donc fermé . Bientôt il sera mis en vente .
Au ras du Logis de la Vigne , habitait Mme Vve Jouhenneau (veuve de Gaspard Jouhonneau ),médecin et deux fois maire de Soullans ..Elle était née Victoire Chobelet de Boisboucher . Après une vie en ménage malheureuse (30 ans de martyre à côté d'un mari incroyant et brutal ) ... Elle veut réaliser un rêve de jeunesse , contrarié : se faire religieuse ..Elle achète le Logis de la Vigne ou elle tente d'y fonder une Communauté avec Noviciat . Sans succès . Les. deux échouent ... Alors dans un beau geste , elle donne le Logis aux Sœurs de Chavagnes ou elle rentre comme religieuse ...
Le 15 Février 1826 ..les Dames de Chavagnes reviennent à Soullans reprendre la Direction de l'école ..La Supérieure en est Mère St Cyprien ...

Madame Vve Jouhenneau , en religion Mère St Jean Damascène meurt le 31 Mars 1827 ! Un an seulement après la réouverture de l'école de Soullans .
A nouveau le Couvent du Logis de La Vigne est remis en vente . Il est acheté par Mr Turquand de Nantes ..Madame Collinet achètera elle la métairie de la Chaussée , mise également en vente ...
Pendant 30 ans : de I828 à I858 , l'école des Filles de Soullans sera tenue par des institutrices civiles . On fera la classe : en 1829 dans une maison de Pierre Crochet , sur la rue qui va du grand puits à la Minée : maison achetée 1100 Fr. .. Le patrimoine de l'église s'était en effet accru , entre temps , d'une rente foncière et de deux près marais aux Petites Baudusses et au Pré Corde au Fief de la Lande près des Bonnettes ..et d'une Fondation de Messes pour le repos de Charette le Défenseur du Marais .
La première institutrice de la nouvelle école fut Madeleine James , mariée à Louis Garancher , marchand tailleur d'habits .. Peu d'élèves , du moins au début . Quatre filles pauvres qu'on reçoit gratuitement ...