LES PREMIERES ELECTIONS MUNICIPALES A SOULLANS

Le I9 Mars I832 le maire provisoire : Mr Jean Louis Thibault résolu à transférer son fonds de commerce à Challans démissionne .... Les électeurs sont convoqués en comice...
A cette époque , le suffrage n'est pas universel mais ... censitaire comme on disait . Seuls possédaient le droit de vote municipal les plus imposés au rôle des Contributions qu'ils fussent domiciliés ou hors - tenants et à concurrence du dixième de la population . La liste des électeurs soullandais comptait I80 noms , depuis Gaspard Barbier gros armateur de Nantes et maître du Bois , taxé dans la commune à 1 442 Fr. d'impositions foncières , jusqu'à André Thibaud , laboureur au Glajou , dont la feuille ne dépassait pas 16 Fr. 9 sous et 2 centimes
Sur ces I80 privilégiés :60 seulement résidaient en Soullans :

Au bourg . I8 !
Victor Loué , Charles Jules Crochet , Jacques Biron : tous trois négociants en grains , Jean Louis Thibault et François legay : marchands rouenniers , Jacques Thibault , Louis Gaillard , Pierre Raballand , Louis Barbereau , André Mignais et Pierre Marie Chareaudeau : aubergistes , Pierre Crochet : boulanger , Jean Crochet : boucher Louis Tesson : maréchal taillandier , Louis Lefaibvre : débitant de tabac Joseph Papon : chapelier , Louis Boré : menuisier , Edouard Boureau : notaire

Au Fief et au Marais : 42
Un bourgeois : Jacques Bodet Lacroix , de la Mongie
Un régisseur : Jacques Massonneau ancien maire de la Minée
Huit fariniers : Charles Mouilleau et Jean Cornevin de Pié d'Oye
Louis Barreteau et Louis Cornevin de Falourde Jean Cornevin au Soullandeau, Jacques , Jean Barreteau au Moulin Neuf Jacques Cornevin à la Rivière , Louis Collinet à Bel Air

32 fermiers et laboureurs :
Jean-Jacques Papon du Petit Pinier : le richard cotisé à 255 Fr. 2 sous d'impositions, André Naulleau , du Bois, Jacques Honoré Artus , de la Baconnière, Alexandre et Félix Naulleau , du Clouzil , Jacques Billet du Grand Marieau, Charles Martineau des Classes , François Joubert de Falourde, Pierre Gaillard , de la Piraudière , François Martineau du Forcin, Pierre Vrignaud , du Grand Pinier , François Martineau de la Patience, Jean Mathurin Pajot de la Martinière , Henri Guillonneau , la Charraud Thibaud, Louis Rafin du Soullandeau , François Guilbaud du Préau, Jean Louis Buchou de la Sauvagette , René Besseau des Rouches, Jacques Moreau et René Vrignaud des Rochelles , André Bonamy des Serres , Jacques Soret du Grand Marais (Bâtiment ) , François Chauvet de Bréchard , Pierre Vrignaud du Pin , Laurent Guérineau de Heurtevent , Pierre Chauvet du Coin , François Véronneau du Chep , Jacques Thouzeau de la Rabaude, André Guillot de la Pacaudière ,Jean Guyon et André Thibaud du Glajou

Le jour du vote , le I9 - 3 - I832 : I7 seulement se présentent . Pourquoi ?
le bruit courait en effet qu'il faudrait ,avant de glisser son billet dans 1'urne , jurer fidélité au Roi des Français et à la Charte Constitutionnelle ..Il n'y eut à se présenter au scrutin que les ... les patauds pur- sang !
Le quorum étant loin d'être obtenu :( il était fixé à la moitié des électeurs résidentiels: donc 30 ) le vote fut remis au 29 Avril .
Le 2 9 Avril : Il n'y a , plus que 6 votants à se présenter . La fièvre légitimiste atteignait au maximum
Force était donc d'ajourner l'aventure à des temps moins lourds d'orage . L'attente mena jusqu'au 23 Septembre . Et on n'atteindrait pas compte du quorum obligatoire de 30....
A ce vote désespéré du 23 Septembre : 24 électeurs prennent part . Ils nomment au premier scrutin :
André Naulleau - Jean Bernard de la Douve - André Guillot - Jacques Bodet Iacroix -François Guilbaud - Jacques Honoré Artus -Edouard Boureau - Victor Loué - Charles Jules Crochet - Maurice Vrignaud des Rochelles - Pierre Vrignaud du Grand Pinier - Jacques Billet .
Et au deuxième tour :
François Martineau de la Patience -Louis Grondin de la Grellerie - François Martineau du Forcin et Jean Jacques Papon
Sur l'avis de cette réussite le Préfet s'empressa , le 3 Octobre , de commissionner
Maire : André Naulleau
Adjoint : Jacques Bodet Lacroix
Les déboires n'étaient pas finis .
Le 2I Octobre , jour fixé pour l'installation de la municipalité , le Maire et l'Adjoint se trouvent tout seuls au rendez-vous . Tant la prestation de serment répugnait .
A force de négociations , 8 des élus se résignèrent , mais en deux séances !
Par exemple , il s'en trouva 6 irréductibles :
Victor Loué - André Guillot - Jean Bernard - Louis Grondin - Et les deux Martineau ...
Blancs , il étaient , blancs ils resteraient ; attachés en âme et conscience à Henri V ....Rien ni personne ne les ferait s'assermenter au Louis Philippe !

Le I6 Décembre , il fallut un vote complémentaire ! qui exigea d 'un héroïque demi quarteron d'électeurs, deux tours de scrutin ! Et les obstinés furent remplacés par : Louis Boré - Louis Lefaibre - le vieux Jacques ThibauIt - Louis Gaillard - Marie Pivoin - Charles Bernard ,de la petite Mongie .
Braves gens , fort rengorgés d'une telle aubaine !

En sa première séance plénière , le : 8 Mai I833 , la Chambrée soullandaise eut un beau geste : à la grande joie de la Fabrique qui l'avait requis !
Au jeune régent , Jacques Puiroux natif de St Martin de Brem , elle alloue un traitement de 200 Fr. à raison de sa bonne conduite et talents et pour le fixer d'une manière solide......

Au vicaire de Soullans , Mr l'abbé Gourraud ;elle vote à 1'unanimité , une indemnité annuelle de 100 Fr. .
Ce sacrifice , la commune n'eut pas à le consentir longtemps : en I835 , en effet arrivait enfin , de Paris , l'érection concordataire du vicariat à Soullans .
Mr Gourraud n'en eut point l'étrenne ... Dès I834 , il avait laissé , en Soullans la place à un autre jeune prêtre : Mr Girond

Mort de Mr le curé RAYNARD

En I836 , à la descente de la sève , la maladie dont souffrait Mr Raynard , empirait ..Navré de l'adieu qu'il fallait dire au Marais , il dut partir chez lui : à la Chapelle Palluau . Il y mourait le I6 Novembre I836 . Il avait 35 ans !
Grands étaient les regrets qu'il laissait en Soullans , tant en peu d'années , il avait conquis les sentiments de ses paroissiens !
Aux archives paroissiales , un autre prêtre soullandais , l'abbé Stanislas Braud notera en I879
A 40 ans de distance , on parle encore avec bonheur , en Soullans , de cet homme d'une piété vraie , d'une âme élevée , d'un grand cœur , si remarquablement bon qu'on ne pouvait le voir sans être ému de tendresse et de vénération .
Le vieux parrain de Mr l'abbé Mulot , lui dira un jour de I93I :
Ah ! Mr Raynard ! Si tu avais entendu ton défunt grand père en faire ses dire... Un prêtre bon comme le bon pain ...et dévotieux comme un père Montfort que les plus faillis patauds étaient obligés d'aimer .

Pourtant ...une certaine Grogne Soullandaise
En 6 années de ministère , Mr Raynard n'eut qu'une seule fois , il est vrai la disgrâce de faire , grogner son monde Sur une question matérielle : le tarif des sépultures...
Depuis le rétablissement du culte au lendemain , il n'avait pas varié , Il était resté à 20 Fr. la 2ème Classe
14 Fr10 sous , la 3ème : fosse comprise , + un écu pour les glorieux qui voulaient un drap mortuaire sur la châsse....
En I832 , quand il eut un vicaire , Mr Raynard décida de porter à : 35 fr. la 2ème Classe .
24 Fr. la 3ème
Compte tenu du pouvoir de l'argent à cette époque , il faut reconnaître que le décalage était brusque . Le populaire se répandit en libres doléances ...
Il y avait bien une 4ème classe à 16 Fr. 10 sous ! Mais , faut-il noter que chacun , plus par attitude que par raison , mit son point d'honneur à l'ignorer .
Pourtant dans l'entraînement de la critique , il ne vint à personne, l'idée de prendre Mr le curé pour un homme d'argent ! Son défaut , on l'avait noté , était plutôt à 1'opposé ...Il tenait pour indigents tous ceux qui disaient l'être . Et les débiteurs d'enterrements , services et messes étaient si tranquilles avec lui ... Jamais il ne rappelait la créance ! D'ailleurs , il avait horreur de la comptabilité et des chiffres ...A sa mort , on , notera une note de 262 Fr. d'honoraires et de droits impayés . A grand peine , l'âpre trésorier de la Fabrique , le notaire Boureau , parviendra t'il en I837 à récupérer de ces sommes dues : 122 Fr. 10 sous !

Mr Raynard parti de Soullans ; le service de la paroisse échut à Mr l'abbé Prosper Guériteau du Vignaud qui venait tout juste de succéder comme 'vicaire à Mr Girond..
Le nouveau vicaire était né le 9 - 2 - 1811 et venait de Mouilleron le Captif ou sa famille était d'une ancienne lignée bourgeoise ..
C'est à lui qu'allait revenir le soin d'accueillir le nouveau curé de Soullans pour 56 années Mr L'abbé Joseph Jodet

23 MR L'ABBE JOSEPH - MARIE - FRANÇOIS JODET ( 1836 - I892 )

Sa Jeunesse

Avec Mr Joseph Marie JODET , c'est un maraîchin maraîchinant qui pour 56 ans , va régir la paroisse de Soullans
Il est né le 19 Mars 1808 à Notre Dame de Monts au foyer de Mathurin Jodet (Matelot) et do Françoise ( Sillette ) Creux , à la ferme de la Grand Croix ...Etudiant , ne signait il pas parfois ses copies de thèmes et de versions :
Joseph Marie Jodet de la Croix pour la vie : Vive la Croix !

Il fit ses premières études de latin au collège de la Garnache ( page 44) ; puis au séminaire des Sables . C4était au lendemain du sacre de Charles X . On était en pleine ferveur royaliste .Aux jours de promenades , il arrivait que les classes d'élèves défilaient au travers des rues derrière un fanion blanc fleurdelysé....A cause de sa haute taille , de jeune hercule , Joseph Jodet était porte drapeau ... Dès le collège de la Garnache , comme il aimait le dire plus tard , égrenant ses souvenirs , n'avait il pas buffé sur la patauderie . Et nul n'était plus hardi que lui à bauler aux devant des portes des Libéraux : Vive le Roi !

La Seconde et la Rhétorique étaient des classes ou les jeunes poètes s'exerçaient à rimer ...Joseph Marie Jodet avait jadis conservé de ce temps là un recueil de 53 Poésies ..Les titres en sont significatifs : Il y a bien la Marseillaise ,
mais glissée entre ; Quand la Vend6e est en ces lieux ... et Vive le Roi ,Vive la France ! Sans oublier les vertes satires contre Napoléon : Voyez le grand Napoléon . Hélas il n'est plus le héros ! .... etc.

En Juin I832 Mr L'abbé Joseph Jodet est prêtre .
Il sera I5 mois vicaire à St Hilaire de Riez ..,Deux ans curé au Fenouiller.
A l'automne de I836 .C'est le bail à vie avec Soullans !

A SOULLANS

Les Soullandais qui portaient encore dans leur cœur Mr Raynard , qui s'en était allé mourir , si tôt , en son dannionage , furent pourtant bien aises de recevoir pour curé un homme du pays ; maraîchin de pied en cap Jusqu'au costume ! Mr Jodet ne se présentait-il pas avec le Chapeau rond , garni il est vrai , d'un ruban de paille et non de chenille ou de velours et la ceinture à coulisses nouée sur le côté par un flot de galons , à la marin , comme on l'appelait parce qu'empruntée jadis aux matelots de Croix de Vie .

Soullans fit à son nouveau pasteur un accueil chaleureux ..On était bien parti pour former ensemble , curé et paroissiens , une grande famille maraîchine et chrétienne . Pourtant :

PREMIERES OMBRES

Aux premiers rangs de la société soullandaise , il y avait :
- Edouard BOUREAU , notaire royal depuis I8I5 , dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises .
- Et Henry de VILLIERS , natif de Bazoges en Paillers et marié à Fanny Lorrin ,
qui possédait la Baconnière . Il venait de faire bâtir , sur l'emplacement du vieux manoir de la Vigne : le Logis Blanc (ancienne cure, démolie en 1958 !)

Tous les deux , à de réelles qualités , mêlaient de déplorables faiblesses . Leur inconduite faisait scandale . Comme il étaient tous les deux du Conseil de Fabrique, Mr Jodet qui n'était pas d'un sang à biaiser , força chacun de ces libertins à faire sa démission de Fabrique...
Comme de règle , les gaillards cherchèrent leur revanche en toutes espèces de clabaudege .

LES BALS A SOULLANS

Le Marais a toujours aimer danser ! Mais il y a danse et danse !
Mr Jodet nourrissait une secrète indulgence pour la Ronde et ....la Maraîchine et si on lui contait que Mr le curé Baud jadis , le jour de l'Assomption , marquait lui-même , des marches du Balet de l'église , le départ de la Grand'Ronde du Préveil , il ne s'indignait pas .
Pour les autres danses , il manquait de tendresse par contre ... Et il n'était pas rare de l'entendre , un jour de prévei1 , rallier de sa voix sèche , au passage ,une danseuse acharnée :
Saute , becotte , saute ... !
Quel ne serait pas son martyre , s'il revenait aujourd'hui , note Mr l'abbé Mulot rapportant le fait , et ce en I935 !
Alors que dire en 1973

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