COMBAT DES MATHES JUIN 1815

Le souvenir en est vivant , aux Rives comme au Marais .
Pourquoi ce combat ?

La cause en fut : le RETOUR de l'île d'ELBE...

Enfui de l'île d'Elbe à bord de l'Inconstant le 26 - 2 - 1815 , Napoléon retrouvait Paris le 20 Mars . C'était le vol de l'aigle de clocher en clocher . Louis XVIII avait du s'enfuir . Royaliste ,le Marais en est atterré .. D'autant que la Conscription recommençait . Napoléon qui revoyait toute l'Europe liguée contre lui et préparait Waterloo avait besoin de soldats .
Partout se lèvent des bandes de récalcitrants L'Angleterre envoie les armes qui manquent .
A la tête des révoltés contre Napoléon et pour Louis XVIII : Louis de la Rochejacquelein . Une première cargaison d'armes venant d'Angleterre débarque au Havre de Vie le 15 - 5 - 1815
Le Marais a sa division et son colonel : Jacques - François Robert de Lézardière : appelé Robert des Chateigners , secondé par son frère Pierre Charles Robert de lézardière , ancien Officier de Marine et préposé aux Douanes de Soullans .
Malgré l'opposition de Mr la curé Bruneteau de St Jean de Monts , il réunit I200 hommes du Marais . Le brave Boiteux Guittonneau des Rochelles en commande une compagnie . Le poste des Douanes de Soullans est pris . Les armes sont débarquées au Havre de Vie ,les Maraîchins se servent les premiers et au mieux . Le reste est envoyé au Bocage sur des charrettes à bœufs .

Du côté des partisans de Napoléon : Travot et sa troupe forte de 900 hommes . Travot connaissait la Vendée. Il y avait fait ses preuves en 1799 , comme on l'a vu ,
De la Roche , Travot monte avec sa troupe sur le Marais . Il veut d'abord barrer la route au convoi d'armes . Le choc a lieu à lAiguillon . Travot échoue et les armes continuent leur chemin vers le Bocage .
Le malheur de l'armée royaliste , ce fut de ne pas avoir comme en 1793 d'ailleurs des chefs qui s'entendent .Contre Louis de la Rochejacquelein se dressent soupçonneux et jaloux Autichamp et Suzannet .
Pas de plan précis d'action , non plus .Ou se porter ? Sur la Roche ? Sur Noirmoutier .?
Le sort décide : sur la Roche sur Yon . Et c'est dans la nuit du 20 au 21 Mai la débandade devant Aizenay . On se regroupe à Soullans et Challans .
Les chefs logent au château de Mr Badereau à la Mothe Fouquerant ..Bientôt on se sépare ; les Dannions ne voulant pas entrer en marais .
Louis de la Rochejacquelein reste seul avec ses Maraîchins . Avec lui cependant se tiendra fièrement : son frère Auguste de la Rochejacquelein dit le "Balafré et ses Poitevins .
14 nouveaux vaisseaux anglais dont le Bellérophon , celui la même qui bientôt va embarquer Napoléon pour Ste Hélène , débarquent à nouveau des armes à Croix de Vie .. On va les décharger ..et on s'installe au marais Avec ses 250 gars , le boiteux Guittonneau est chargé de surveiller le Soullandeau .Travot arrive avec ses I500 hommes ..Attaque Rié .Le prend . Marche sur le Perrier par le Pont de l'Arche . Louis de la Rochejacquelein veut l'arrêter au Pont des Mathes
Lui sera à gauche sur Soullans .
Son frère le Balafré avec ses Poitevins à droite vers un vieux moulin à vent .
Canuel , son Major général au centre, à la Borderie du Pont des Mathes
La consigne circule formelle , garder la défensive jusqu'à l'arrivée du gros des Maraîchins .
Tout à coup sur la dune apparaissent les Bleus . A leur tête le général Estève .Travot garde Rié . Les fusils partent ..Gros bruit et petit dommage . On est trop loin . Les fusils ne portent pas à cette distance ..A ce régime la partie pouvait durer longtemps . Puis les Bleus décrochent ..Une feinte que les Royalistes ne comprennent pas . D'autant que la plupart sont des Dannions et en ont assez de ce Marais, gras et nu sans un ressaut .En avant , crient ils , les Bleus se sauvent !
Leurs chefs : Louis de la Rochejacquelein , le Balafré et Canuel qui ne sont pas dupe de la feinte veulent les arrêter .Rien n'y fait :
Attendez au moins les Maraîchins , leur crient-ils .
".Bah , on cuira bien la fricassée sans eux !
Les bleus qui ne sont pas loin résistent ..sèment la panique dans les rangs des Blancs : Allons nous en les gars ! Allons nous en ! L'ardeur Guerrière était vite tombée .On veut les arrêter . Peine perdue . Le chapeau à la pointe de son épée pour les rallier , Louis de la Rochejacquelein crie : Vendéens en avant ! .Elle aussi , bravoure perdue .A peine 50 vaillants retenus par l'honneur , demeurent-ils à côté de lui à faire le coup de feu .Soudain sur la gauche , des cris et des claquements de fusil arrivent du marais proche ..Les Maraîchins !" lance Louis de la Rochejacquelein...Pour s'assurer du fait , il grimpe dur un tertre de sable pour inspecter l'horizon .Cible magnifique offerte aux fusils des Bonapartistes qui sont là tout près .On raconte qu'Estève , ému d'un si tranquille courage s'écria :C'est trop de bravoure ! Ne tirez pas Soldats !le lieutenant Lupin eut moins de noblesse :Visez la capote bleue , commanda t'il à ses gendarmes .Atteint en pleine poitrine le héros glissa ..Ses compagnons le virent faire le signe de la croix et mourir .. Au même moment arrivaient , mais trop tard : comme bien tôt Grouchy à Waterloo accourus du Soullandeau les Maraîchins de Soullans avec à leur tête le boiteux Guittonneau , jambinant et huchant de sa rogane d'airain : Rembare ! rembare ! Il y avait là :
Esprit Poitevin capitaine de la paroisse .François Mérieau , Chrysostome Grousseau ,(Tous les 3 maçons ) Jean Pierre Mollé (Camard), charpentier ,Mérieau le Baron . Jacques Crochet aubergiste . Marie Pivoin , Louis Barbereau (Chopine ) Tous les 2 tisserands, André Massonneau (Jambard),journalier du bourg . Jacques Massonneau agent de Baderau de la Minée . René Joubert de Fallourde .Etienne Cougnaud de la Martinière . Joseph Champot des Besses . Gauvard (Segut) du Moulin Neuf . Gauvard (Mille Hommes) de Bel Air . Mouilleau du Petit Moulin de Pié d'Oye . Baudouin de la Rivière . Louis et Henri Barillon du Petit Glajou . André Charrier (la Pinte) de la Papinière . Pierre Guilbaud du Grand Village . Barranger (Matelot) de la Charaud David . André Martineau (Mille Cent Noms) de la Patience . Jacques Merlet (Bagoillon) de la Charaud des Classes . Caillon du Pré Poissonnet . François Véronneau (Binclet) des Rochelles . André Billet (La Chatte) du Rocher . Jean Besseau des Sept Journaux .Pierre Charron(Piné) et Pierre Milcendeau (Mollion) du Petit Lieu . Jacques Couton (Mouille Farine ) de la Charaud de la Sauvagette . Le fameux Jacques Besseau , de la Bourine de la Charaud des Aives qui tirant la crosse appuyée au ventre tuait quand même une hirondelle en frivolis !!

Prenant l'ennemi en travers ..la bande du Boiteux Guittonneau et ses Soullandais font perdre aux Bleus plus de monde qu'au cours de toute l'action . Pendant ce temps , Cayveau (Goule Torse) ralliait au Chemin des Terres Blanches un parti de paysans du Marais et de la Rive de St Hilaire pour se porter sur le Courseau sur les derrières des Bonapartistes ... Dans la crainte d'être pris entre deux feux , Estève battit en retraite harcelé par les Royalistes.
Sans doute , eut-il agi d'autre façon s'il avait su que l'homme "à la Capote bleue" abattu par ses gendarmes ... était le Généralissime des Insurgés ..!
Dans la soirée les gens du quartier s'empressèrent à inhumer sur place les morts autour de qui , déjà , s'acharnait l'essaim des mouches vertes .Le bonhomme Grousseau, de Bel Air tenait de son père habitant les Mathes lors de l'affaire "qu'après la bataille dou roi Jacquelann : 86 Bleus et 27 Blancs furent mis enterre dans le Fief.." Louis de la Rochejacquelein fut enterré parmi ses soldats sans être reconnu . Son frère , le Balafré , inquiet de ne pas le voir revenir ..S'en retourna aux Mathes . On fouilla les tombes . Il reconnut son malheureux frère le visage déjà hideusement ravagé .
Après de pathétiques funérailles en l'église du Perrier , Louis de la Rochejacquelein reçut la sépulture au cimetière paroissial...en attendant que les conjonctures permissent la translation dans l'enfeu de Famille à St Aubin de Baubigné.
En 1820 fut élevé à sa mémoire le monument que nous connaissons tous en pierres brunes des Rochelles ...
"Sur ce tertre fut tué et ici couvert de terre LOUIS de LA.ROCHEJACQUELEIN !

Ce Combat des Maths

faisait partie de la Quatrième Guerre de Vendée !

Guerre inutile guerre sans raison profonde

Guerre de déception : la Vendée de 1814 n'est pas

La Vendée de 1793 !

La liberté religieuse a apaisé les cerveaux

La question militaire ne suffit pas pour soulever les villages .

Entre les adversaires , il n'y a plus le même faisceau de haine :

on voit les vendéens et les vendéennes panser les blessures des soldats impériaux .

Entre les chefs royalistes les dissensions s'enveniment .

On ne s'entend point sur les tactiques adoptées..

Guerre qui coûta cher à la Vendée : de grands chefs ont péri :

le Généralissime Louis de la Rochejacquelein , Suzannet , Ludovic de Charette .

Guerre manquée et pourtant :

Aux conséquences énormes :

SI LES COMBATTANTS DES MATHES S'ETAIENT TROUVES A WATERLOO

LE COURS DE L'HISTOIRE DE L'EUROPE

EUT PEUT - ETRE ETE MODIFIE

Emile Gaborit "Pro fide , rege , et Focis Page 393

WATERLOO

Louis de la Rochejacquelein disparu , les chefs royalistes portent au Bocage leur action indécise .
Le 14 Juin Travot occupait les Rives , le Marais , Soullans . Les armes et les munitions doivent être livrées .Soullans qui avait si maltraité Estève , le général de Travot , appréhendait de sévères représailles . Il n'en fut rien :Travot , au contraire s'applique à préserver tout désordre de la part de ses troupes . Il fait même garder par ses soldats le Couvent où se tenaient tremblantes les Filles du Verbe Incarné et leurs demoiselles ..Mais les armes restent bien cachées et ne se livrent pas . les Martineau de la Patience n'avaient ils pas enterré leurs canardiers sous le seuil de la porte , si bien que les Bleus passaient dessus chaque fois qu'ils entraient ou sortaient .

Le 18 Juin 1815 - C'est Waterloo ! la fin des Cent Jours !

Louis XVIII rentre à Paris

Comme dans tout le Marais , à Soullans, c'est du délire ! Trois à quatre cents javelles de brande flambent en feux de joie ! avec rondes autour des feux . Le millénaire Houppement des noces répond aux acclamations :Vive le Roi ! A tant sonner l'unique cloche de l'église ... se casse !
Ce retour du Roi à Paris ! Ce devait être , pour les maraîchins , un nouveau paradis, sans conscription , ni impôt , ni aucune misère .
Aux préveils ... ne chantait-on pas.... ?
"Nous avons la paix proclamée .C'est assez fait peter le canon !
Vivent les Bourbons !
Pères , mères qu'ont des enfants! ..Les verront revenir contents
Nous n'aurons plus de conscription ! Vivent les Bourbons !
Les filles vont s'y marier ,.. Roi le fait espérer !
Pour les filles ! Belle consolation ! Vivent les Bourbons !
Le Commerce au pays reprendra ... Chacun à son saoul mangera !
Et plus jamais d'impositions ..Vivent les Bourbons !
Après le rêve et les chansons ... Vint la réalité : même misère qu'hier ,.les feuilles d'impôt ..arrivèrent elles aussi le Boiteux Guittonneau qui était si fier de tenir garnison à Soullans avec sa belle division du Marais ...ne pouvait ravitailler ses hommes . Par ordre du Gouvernement Royal ,il dut renvoyer ses hommes à leur foyer ! Ce qui là aussi n'alla pas tout seul .Des exaltés , plus royalistes que le Roi , refusèrent de déposer les armes .Des têtes mêmes s'échauffèrent quand le Préfet destitua d'office deux combattants émérites des Mathes Jacques Crochet l'aubergiste , trop peu lettré pour tenir le secrétariat de Mairie ....Babereau (Chopine ) , le Garde-Champêtre ... dont les ribotes discréditaient le baudrier ...

Une nouvelle Cloche

Mr le curé Baud souffrait de ces affrontements , Il aurait bien voulu les éviter en intervenant directement près des autorités ..Il ne put réussir...Il tenta une diversion qui réussit .. Refaire la Cloche cassée ..remettrait les Soullandais d'accord .Ce qui fut décidée à l'unanimité ...Une souscription est lancée avec des collecteurs bénévoles ,le 8 Juin 1816 ... Comme l'ancienne , la nouvelle cloche pèsera : 750 livres ... Mais elle coûtera : 25 Pistoles ... qu'on trouvera .

Un Nouveau Maire

Pour continuer l'œuvre d'apaisement commencée par la question de la cloche, il fallait aux Soullandais un autre changement : celui de la municipalité . Pour remplacer Gaspard Jouhnneau qui était maire à la chute de l'Empire après l'avoir été en 1794...dont la politique était surtout faite d'opportunisme., .. an avait installé à la tête de la municipalité , en Octobre I8I5 . Jean Donatien Mérieau ... Cordonnier de Noirmoutier , il était naturalisé soullandais par son mariage avec une Mouilleau .On le surnommait :le Baron , à cause des airs avantageux qu'il se donnait ...
le 25 Mai 1816 , le Préfet le remplace à la tête de la municipalité par :Louis Joseph Badereau de la Minée .
C'était le frère cadet de Mr Badereau de la Mothe-Fiouquerant ou avaient logé , en Juin 1815 les chefs royalistes en révolte contre Napoléon .
Ce fut aussi le dernier seigneur de Soullans . On l'appelait "le Chevalier Badereau "... Ardent royaliste , lui aussi , veuf avec un enfant de I2 ans , il avait en I792 , pris le chemin de l'exil , celui de l'Allemagne et était rentré dans l'armée des Princes .
En 1801. , il rentre à Soullans . De ses immenses propriétés , il ne recueille que des lambeaux : sa maison de la Minée , les Nouhes , le Puy - Perret et les fonds des métairies brûlées par les Colonnes Infernales : la Guilloterie , les Ruleries , le tout dépendant de la succession de son épouse , qui était soullandaise:

Son fils s'étant marié à Vincelles , en Bourgogne ses séjours se partageaient entre la Bourgogne et Soullans ...ou il revenait toujours avec plaisir .
L'initiative des travaux qui firent le Marais actuel lui appartient ...Grâce à lui et aussi à son père Armand Badereau les Foires de Soullans retrouvèrent leur destin et le maintinrent ...
D'une grande bonté de cœur et d'une intègre justice , on disait de lui "qu'il savait bellement raccorder le monde
Il mourut en Bourgogne à Vincelles chez son fils, en 1834 ...Il avait 86 ans !

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