LE COMBAT DE SOULLANS

Entre temps, aux derniers jours de Juin I794 , par un heureux coup de mains , les Royalistes reprenaient le Marais ..Voici comment..
A la tête de 4 ou 500 risque tout , rôdait à l'avant bocage , l'un des plus aventureux lieutenants de Charette : Pajot de Bouin , ancien marchand de beurre . Entre Palluau et St Christophe, il tomba sur un gros convoi républicain de munitions et de vivres . S'en empara et d'un trait se réfugia au marais du Perrier . L'événement fit merveille . En un clin d'œil les Maraîchins sortirent des caches les canardiers muets .Le soir même , du premier au dernier les postes républicains du marais étaient désarmés .. L'octave de la fête-Dieu était passée de quelques jours :du 26 Juin .On sait de quel cœur , nos anciens attendaient chaque année le retour du grand et petit Sacre . Mr Noeau sentait à l'unisson de son peuple . Aussi s'empressa t'il ,d'organiser au début de Juillet une procession du Saint Sacrement .. Manifestation unique : Les Maraîchins en verront ils d'aussi émouvante . Elle se déroula au bourg du Perrier .Ce devait être la dernière joie du vaillant curé de Soullans!
En effet les généraux républicains décidaient une offensive immédiate contre Pajot campé à la Longée du Perrier ..Le lendemain de la belle procession de la Fête Dieu , à basse heure , deux fortes colonnes envahissent le marais par la Mongie et le Grand Pinier .Le pays ne se prête guère aux surprises . La marche des bleus , tout de suite est signalée ...

Tué dans les Hautes Herbes de son marais tant aimé !

Ceux des maraîchins qui sont armés se hâtent de prendre le large vers le Perrier . Mr le curé finissait de dire sa messe dans la grange du Clouzil . Il suit ses paroissiens dans leur repli . Déjà Pajot de la Longée proche, conscient du danger s'avançait pour barrer le passage aux républicains . Le choc se produisit au Marieau . Par la suite on l'appela :"le Combat de Soullans ". La lutte fut longtemps indécise jusqu'au moment ou la troupe de Pajot prise à revers par un gros de bleus accourus des Cornières , se sentit perdue .
Ce fut la panique et le sauve qui peut .
Saisi dans la débandade , Mr le curé Noeau prit la course lui aussi , accompagné fidèlement de Henri Barillon (fils de ce Barillon de la Gabeterie qui était tombé en I79I à St Christophe en criant : Rends moi mon Dieu .
Comme les deux fugitifs , empêtrés dans les hautes herbes d'un pré de fauche qu'ils traversaient , ralentissaient d'allure , des soldats républicains les rejoignirent , à la Prée Ronde du Perrier et sans pitié les massacrèrent !
On retrouva , écroulés , sanglants , côte à côte : Mr le curé et son valet , fraternellement unis jusque dans la mort . Mr le curé portait sur lui "les Saintes Espèces" comme jadis au temps des Catacombes St Tarcisius : Le martyr de l'Eucharistie !
Mr l'abbé Noeau avait 35 ans ! On était aux premiers jours de Juillet I794 . Il mesurait 5 pieds de haut . Avait les cheveux et sourcils noirs la bouche grande et la figure ronde !
Le I2 Février I797 sa sœur Jeanne obtiendra que lui soit rendu l'héritage de tous ses biens mis sous séquestre ... On ne sait ou fut inhumé Mr le curé Noeau ...Au cimetière de la Pérouaille ? son cimetière ? comme le prétend une vieille tradition maraîchine ? Rien de sûr !
Ce qui est certain : c'est que l'ère des tueries s'achevait à Soullans avec la mort de Mr le curé Noeau .

LES REQUISITIONS

Délivrés de Pajot et de ses partisans , les Républicains s'enhardirent à exploiter à fond les soullandais surtout les maraîchins .
Les premiers réquisitionnés :
jean Bernard , de la Douve
René Vrignaud des Aives
Jean Besseau de Colombe
André Martineau des Classes , et
Joseph Guittonneau des Rochelles
connus pour leurs sentiments royaliste , reçurent sommation de parquer au bourg tout le bétail propre à la boucherie qu'ils nourrissaient ! Ni les uns ni les autres n'étaient d'humeur à se laisser faire ...Sans bruit , ils dispersèrent à l'affiage chez d'autres fermiers de St Hilaire et du Perrier leurs troupeaux : à charge de revanche ; en ce temps là l'honneur comptait ! Au jour de la Réquisition , les gendarmes trouvèrent étables et pacages vides ! On eut d'autre ressource que d'appréhender au corps les récalcitrants: quelques jours de prison ! belle affaire pour des Maraîchins défendant leur fait ! Les administrateurs en endêvèrent .

LES TRANSPORTS

Une permanence des transports ne fut-elle pas ensuite imaginée par le rancuneux Bodet Lacroix de la Mongie qui gouvernait le bureau militaire du District et qui ne pardonnait pas à ses compatriotes de méconnaître son génie ! Il s'agissait d'assurer les transports à l'usage de, l'armée .Y était assujetti tout bouvier possédant attelage et charette ...Et les gars soupçonnés du bord des rebelles ne chômaient pas : charrois par ci charrois par là : à Nantes , aux Sables, à Montaigu à Ste Hermine . Au pas lent des bœufs , par des chemins de terre , de vrais voyages de six à sept jours . La brimade n'eut qu'un temps .Les bouviers soullandais refusèrent de mettre le joug à leur bêtes : la loi ne marquait elle pas la durée d'un charroi à un maximum de 5 jours francs

Le BLE très Cher

Autre tour des Soullandais !
Le Marais jadis était très fertile non seulement de ses prés mais aussi de ses terrains de labours ou mûrissaient des blés et des orges renommés des négociants en grains ..Par les temps qui couraient les greniers soullandais étaient encore bien garnis .Les Vainqueurs n'ignoraient pas ce détail .Le IO Octobre I794 ils mirent en réquisition pour Soullans : 400 quintaux de froment et de gaboreau...
Les marchés de Challans avaient lieu le primidi de chaque décade (selon le nouveau calendrier révolutionnaire ). De ses 400 quintaux , Soullans devait alimenter le minage de la 3 ème décade .On le sait : rien n'est plus puissant que la force de 1'inertie .Le grain soullandais demeura dans les arches . Et ce , même quand Soullans eut lui-même son marché local : le 2I - 12 - I794 ! Il fallut que les grenotiers de la République aillent marchander eux - mêmes à domicile . Bien entendu , pour eux le blé était à I2 écus le boisseau de Challans : 6 fois le cours pratiqué aux gens du pays !

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